1905-2025 : Laïcité, un principe vivant qui nous unit !
Un principe en constante évolution
La loi de 1905 n’est pas un monument figé mais un cadre vivant, sans cesse réinterprété à la lumière des enjeux contemporains. Pour Philippe Portier, il ne s’agirait pas d’en faire un « objet sacré » mais il est essentiel de comprendre son principe évolutif.
En effet, la laïcité joue un rôle majeur dans la conception de la cité. Elle organise la coexistence pacifique des convictions dans un espace politique commun. Elle n’a jamais été un dispositif de mise à distance, mais un véritable gage de liberté. Ce principe repose sur un équilibre subtil entre neutralité de l’État et respect de la liberté de conscience. Continuellement revisitée par le droit, la laïcité se confronte au réel à l’école et dans la société.
L’école laïcisée avant la République
Avant même la séparation des Églises et de l’État, l’École publique avait ouvert la voie. Les lois Ferry (1881-1882) puis la loi Goblet en 1886 avaient déjà affirmé un principe d’émancipation intellectuelle : instruire sans imposer de dogme.
La laïcité scolaire n’est pas une simple application du principe de 1905 ; elle en a préparé les conditions.
En posant la gratuité, l’obligation et la neutralité, l’école a permis de former des citoyens libres de toute tutelle, dans l’esprit que Briand traduira ensuite dans la loi de séparation des Églises et de l’État. D’ailleurs, comme le porte Stéphanie Hennette-Vauchez, c’est à l’école que le nouveau sens de la laïcité se développe, avant de se propager ailleurs, notamment dans le droit du travail.
Une devise républicaine qu’il faut faire vivre
La laïcité reste d’une étonnante actualité. Valentine Zuber le rappelle, elle doit rester « un principe de droit par lequel les citoyens manifestent leur liberté ». Il ne s’agit donc pas d’un principe de combat, mais de concorde. C’est dans cet équilibre que réside sa pertinence : faire vivre ensemble liberté, égalité et fraternité au-delà des différences qu’il faut respecter mais dont il faut être capable de se départir.
C’est le défi d’une lutte contre les déterminismes qui suggère une volonté d’agir en commun. Catherine Kintzler insiste sur cette liberté de se déterminer sans faire primer la moindre appartenance. S’appuyant sur les préceptes de Locke, elle nous rappelle que la loi ne recourt pas au modèle de la foi, qu’elle « ne s’inspire d’aucun lien préexistant et ne suppose aucune forme de croyance ou d’appartenance préalable ».
À l’heure où les crispations identitaires menacent la cohésion nationale, la laïcité demeure le socle de l’universalisme républicain, qui protège les consciences sans les hiérarchiser.
Les risques de récupération
Mais ce principe n’est jamais à l’abri des détournements. Ainsi Iannis Roder nous met-il en garde : la laïcité n’est pas un catéchisme républicain. Il s’agit d’une construction citoyenne car ce sont précisément les citoyens qui pérenniseront la République.
Aux antipodes de cette conception républicaine ambitieuse, certains travestissent le sens de la laïcité en le substituant à la notion de tolérance. Ils tendent ainsi vers un affaiblissement dangereux du principe de laïcité. Dans un autre registre, l’extrême-droite prétend la défendre tout en la vidant de sa substance pour stigmatiser au lieu de rassembler.
Pour l’UNSA Éducation, la laïcité protège, elle n’exclut pas. Par conséquent, elle exige un État impartial et une école émancipatrice assis sur une République forte et bien loin de la politique de suspicion véhiculée par l’idéologie d’extrême-droite.
À l’heure de ce 120e anniversaire, l’UNSA Éducation réaffirme son attachement indéfectible à une laïcité libératrice et républicaine.
Elle demeure ce trait d’union entre l’idéal d’émancipation des citoyens et le projet collectif du pacte républicain.
Célébrer 1905, c’est donc rappeler que la laïcité n’est pas un simple cadre juridique : c’est le principe qui garantit, concrètement, la liberté de chacun.
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